Mille et un petits bonheurs (32)
Le temps des cerises sonne, teinte tes doigts,
Giclée de saveurs empourprées…
Que celui qui n'est jamais monté dans un cerisier pour se gaver des fruits mûrs à points lève la main...
Personne ? Ah, si, toi, là bas... Ah là là, quel dommage... Non, rassure-toi, il n'y aura pas de punition, à part peut-être le supplice de souvenirs inexistants et regrettés...
Souvenez-vous, les chaudes après-midi de juin, lorsque vous alliez escalader les cerisiers noueux, vos pieds prenant appui sur les branches rugueuses pour s’approcher du paradis, les ombres verdoyantes emplies de fruits juteux que vous mangiez par poignées. Vous vous rappelez ? Fermez les yeux, et remémorez-vous l’odeur du soleil jouant entre les feuilles, le petit vent frais qui vous chatouillait dans la nuque, la chair ferme et fragile des cerises que vous cueillez à pleine main. Et puis encore le fruit en bouche qu’on faisait éclater dans un jaillissement de saveurs, ce jus qui coulait sur les doigts et que l’on léchait jusqu’à la dernière goutte, et qui avait un petit goût de poussière et d’écorce, et puis la somnolence, ensuite, lorsqu’on était bien repus... Souvenez-vous...