J'ai ramassé un mot...
... comme une feuille morte, encore tout doré, et pourtant... un mot dont personne ne voulait, je crois même que quelqu'un avait marché dessus, c'est dire.
Je sais bien que ce n'est pas une "chaîne", mais l'opération me plait : ADOPTONS LES MOTS !! Chacun un, il y en aura pour tout le monde, ou presque (il y a 60 000 mots dans le petit Larousse, 100 000 dans le Trésor, ça fait de la marge par rapport aux pauvres 500 mots qui représentent 90% de n'importe quel texte - même Maupassant, dans toute son oeuvre, et avec toute sa culture, n'aurait utilisé que 12000 à 15000 mots différents).
Si vous voulez connaître l'origine, les motivations de ce projet, je vous invite à lire l'article "initial" de La Michelaise ICI et LA.
Si l'opération vous plait, mais que vous n'avez pas d'inspiration pour trouver un mot à adopter, pourquoi ne pas aller voir ce petit dictionnaire des mots rares et anciens de la Langue Française, ICI ? Il n'y a certes que 5000 entrées, mais c'est une base interessante malgré son incomplétude. Il est même téléchargeable gratuitement, si vous voulez en faire votre livre de chevet !
Adopter un mot, j'adhère !! Il faut protéger le mot précis, celui qui dit exactement ce que l'on veut et évite de nous tromper par approximation. J'ai une affection particulière pour esperluette, abysse et hydromel, je vous en avais déjà parlé par le passé je crois, mais ils ne sont pas assez "originaux" pour cette entreprise.
J'ai donc choisi de paraîner un mot plus insolite, découvert par le plus complet des hasards, comme c'est souvent le cas, et qui me reste dans la tête comme une rengaine.
Ce mot, en fait, est plus une expression : "vendeur d'orviétan".
Ce qui m'a plu ? Même en cherchant dans le dictionnaire, je n'ai pas tout compris à la définition d'orviétan... Je vous la livre : "Electuaire initialement préparé par Lupi à Orvieto (Toscane) au XVIème siècle, dont l'usage a cessé au XIXème siècle."
... électuaire ? Un autre mot que j'aurais pu adopter, et qui a necessité une petite recherche lexicographique : "Médicament d'usage interne à consistance de pâte molle, constitué d'un mélange de poudres fines avec du sirop, du miel ou des résines liquides."
En résumé, le vendeur d’orviétan est un charlatan, littéralement un vendeur de faux antidote. Comme les vendeurs de corne de licorne Je trouve que l'expression sonne bien, pas comme un mot désuet, dont on se rappelle la sonorité mais dont on a oublié le sens, mais bien comme un mot rare et précieux.
Allez, pour la petite histoire, je tvous livre aussi la recette de ce remède "miraculeux" - que je déconseille de tenter, pourtant, car comme on dit, on aurait le temps de tuer un âne à coups de figues avant que ce remède agisse :
Recette de l'Orviétan :
Prenez auge, rue, romarin, de chacun une manipule ;
chardon béni, dictame de Crete, racine d'impératoire, angélique de Bohême, bistorte, aristoloche longue, fraxinelle, galanga, gentiane, calamus aromaticus, semences de persil, de chacun une once;
baies de laurier & de genievre, de chacun demi-once;
cannelle, girofle, noix de muscade, de chacun trois dragmes;
terre sigillée préparée en vinaigre, thériaque vieille, de chacune une once ;
poudre de vipere , quatre onces; noix seches & mondées, mie de pain de froment desséchée, de chaque huit onces ;
miel écumé, sept livres.
Faites du tout un électuaire, selon l'art ;
hachez les noix mondées,
pilez-les avec la mie de pain defléchée,
passez-les par le tamis renversé,
ajoutez les poudres & autres matières,
& enfin le miel & la thériaque, qui fera fermenter le tout.
L'orviéran se conserve longtemps : il est utile en une infinité d'occasions, tant aux hommes, qu'aux chevaux & aux bœufs, & à tous les corps qu'on soupçonne d'être empoisonnés.