Essence diurne
Quand l’amour passe le gant,
indompté,
l’acte dérobé
sourit, intarissable, mouvant ;
Et l’amour passe le gant,
mordoré,
dédale égaré
de volupté, arôme d’été…
Quand l’amour passe le gant,
chuchoté
en mots sirupeux,
sucrés comme un miroir aux oiseaux ;
Et l’amour passe le gant,
chausse-trappe
aux révolutions,
charmant, bagatelle en bandoulière…
Quand l’amour passe le gant,
utopie
d’ardents lendemains,
la folie s’imprime, et sans soucis ;
Et l’amour passe le gant,
lumineux,
et le lien lacé
du feu se défie, iridescent…
Pourquoi faire un pendant à l’essence nocturne publiée il y a quelques jours ? Une petite explication de texte s’impose, au moins pour moi…
Ma « nuit de mai », car c’est ainsi que je l’aurais appelée si le concept n’avait déjà été pris, parle de sensualité. Elle est à mettre en relation, ou plutôt en opposition avec le sexe, image prédominante dans notre société. Le corps pose, s’expose partout, nu, tabou devenu incontournable, et ne choque plus personne, n’excite plus. Où peut-on alors trouver des bases saines pour une sexualité à deux, privée, confronté à toutes ces images de perfection charnelle et d’exhibition lascives ? Je crois avoir trouvé la réponse, une réponse du moins, dans ce qu’on pourrait appeler la sensualité, et que j’ai tenté de décrire… Finalement, la sensualité, la semi-dissimulation reste bien un tabou. Les « leçons » d’Aubade, tellement reconnues, ne sont finalement que des monuments d’esthétisme plutôt froids. Aujourd’hui, on s’embrasse à pleine bouche dans la rue, mais on se cache pour murmurer des mots doux à l’oreille ou effleurer une épaule. La tendresse dérange ? Parlons-en !!
Rythmé d’allitérations, j’ai essayé de partager la répétition, le va et vient tendre et confortable de la sensualité.
Le pendant diurne de ma nuit de mai ne pouvait que parler d’amour, celui que, bon gré mal gré, on est obligé de montrer au grand jour, parce qu’il nous submerge et qu’on ne peut pas le cacher. L’amour, oui, mais lequel ? Encore une fois, la passion s’affiche en grand sur les murs et dans les films, pendant que la tendresse, l’affection et le respect se font tout petit, pas assez romanesques qu’ils sont.
« Jour de mai », c’est l’amour dans l’histoire d’amour, l’attachement indicible. Comme un après-midi d’été en Toscane, infini et chaotique.